343 conneries
Je suis assez sidéré par la naïveté (réelle ou feinte) - ou la mauvaise foi crasse - de Frédéric Beigbeder. Parler de "relation entre adultes consentants" et lancer "la prostituée qui a choisi son activité, ne se bat-elle pas pour la liberté de disposer de son corps?", sortir les violons avec l'image de l'"homme dépressif sauvé dans un bar par une femme qui l'écoute et lui tient la main pour l'aider à traverser sa nuit", citer pêle-mêle Toulouse-Lautrec, Baudelaire, Maupassant, Toulet, Proust, Simenon, Henry Miller, Houellebecq, et Lou Reed... pour dire quoi, au fond? Se planquer derrière une peinture naïve du siècle dernier pour éviter de regarder la réalité en face?
"Je ne devrais pas m'exprimer sur un sujet que je connais mal", dit-il. Peut-être aurait-il fallu y penser avant. Et faire correspondre les actes aux paroles.
Facile de renvoyer la balle en pleurnichant sur le fait que "le sujet est trop tabou et l'époque trop puritaine" et en déplorant prohibition, hyprocrisie et "morale républicaine". Cela ne fait que montrer que ce monsieur non seulement n'a rien compris aux problèmes, mais ne veut surtout rien en savoir. Et l’hypocrisie n’est pas forcément là où on veut la voir. Chercher à se disculper en brossant un tableau déformé, édulcoré, idéalisé et innocent d’une réalité bien différente en est une belle preuve.
Quant à admettre que l'histoire des "343" était au mieux maladroite, au pire insultante, pas une trace. Monsieur Beigbeder n'a rien à se reprocher, c'est les autres qui sont méchants avec lui et n'ont pas compris sa petite plaisanterie. Et d'ajouter une couche de raillerie en proposant d'interdire aussi "la boxe, le rugby, le beurre, le foie gras, le scooter, le skateboard, la vodka, les films porno, la corrida, le fromage non pasteurisé, l'amour sans capote, les 24 heures du Mans, le bronzage sans crème solaire, les bonbons, le Coca-Cola".
J'imagine qu'on est supposé trouver ça drôle.
La criminalisation des "clients" - l'épouvantail supposé faire baisser la demande – n’est probablement pas une solution, je doute que cela puisse vraiment résoudre quoi que ce soit. En même temps, la libéralisation à l'allemande n'est pas concluante non plus. Les victimes restent les mêmes et leur sort ne s'est pas amélioré. Il n'y a pas de solution simple (simpliste?) et le débat est certainement nécessaire. Mais pas à coup d'images d'Epinal et de prises de position grotesques.
Ecrit par Absurdus, le Lundi 18 Novembre 2013.
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