Cheick en blanc
Regardé le reportage de la BBC intitulé "Escape from Dubai: The Mystery of the Missing Princess".
Passé la moitié de la nuit à essayer de m'endormir pendant que mon cerveau passait en revue tous les sccénarios possibles pour libérer la princesse Latifa (et sa demi-soeur Shamsa) des griffes du monarque de Dubai et les venger de ce qu'on leur (a) fait subir. De l'exfiltration "Mission Impossible Style" en subtilisant le jet privé de Roger Federer jusqu'au bombardement par des missiles iraniens de tous les puits de pétrole des Emirats Arabes Unis, en passant par l'engagement d'une troupe de mercenaires pour descendre à la kalashnikov une armée de cheicks habillés en draps de lit, le détournement d'un drone de Trump pour opérer une frappe chirurgicale dans la tronche du Sheick Mohammed, ou l'encastrement d'un boeing d'Emirates Airlines dans la "Burj Khalifa".
Info: les fantasmes de violence ne calment pas vraiment l'indignation.
A propos de Roger Federer, notre tennisman national premier de classe et gendre idéal, si je le cite c'est que Monsieur a un appartement à Dubai, où il passe quelques mois par an pour éviter la saison hivernale. Sans se soucier bien sûr le moins du monde des exactions et du mépris des droits de l'homme (et surtout de la femme) du régime monarchique en place. Dont la sévérité ne semble pas faire dans le favoritisme, vue que les deux princesses en question, filles du Sheick suprême, ont été rattrapées, kidnappées, apparemment emprisonnées, torturées et droguées, et sont gardées enfermées pour avoir eu l'outrecuidance de tenter d'échapper à leur statut de sous-homme (quel autre terme utiliser quand une femme n'a aucun droit de décision et aucune liberté sans la permission de son mari ou de son père?).
Alors quand les "grévistes du climat" envahissent une filiale de la banque "Crédit Suisse" (sponsor dudit Roger) déguisés en joueurs de tennis (récemment acquittés par le tribunal suite à la plainte de la banque, au grand dam de la droite climatosceptique) et tentent de le sensibiliser par Twitter interposé à l'urgence climatique, ça fait un peu rire jaune. Parce qu'on voit pas trop que notre sportif bien peigné se préoccupe des investissements de son sponsor principal dans des entreprises polluantes alors que ça ne lui fait ni chaud ni froid de cautionner par ses séjours réguliers un régime qui jette des gens en prison pour un oui ou pour un non et qui traite les femmes pire que des animaux. Monsieur Roger ne réfléchit pas, il joue au tennis. Le sort des femmes émiraties ne l'émeut guère, pas plus que le réchauffement climatique (même à Melbourne dans la fumée de l'Australie qui brûle). Ou en tous cas il ne se sent pas une responsabilité citoyenne d'aborder des sujets qui peuvent froisser certaines sensibilités (financières?). C'est pas son job, hein, lui c'est jouer au tennis.
En même temps faut pas jeter la pierre à ce pauvre Roger, vu le nombre de gens de tous les milieux (sport, finance, journalisme, etc., etc.) qui courent à Dubai au moindre prétexte, parce qu'apparemment ça fait plus "classe" d'interviewer Roger (encore lui), de domicilier sa startup ou d'aller faire du ski nautique à Dubai plutôt qu'au bord du lac de Zurich.
Connards.
Ecrit par Absurdus, le Lundi 20 Janvier 2020.
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